La mentalité française

Avec une histoire aussi riche et unique, nous avons hérité d’une mentalité qui nous est propre. La mentalité, c’est «  l’ensemble des croyances et habitudes d’esprit qui informent et commandent la pensée d’un groupe. Plus couramment, état d’esprit, dispositions psychologiques ou morales ». (Petit Robert)

BeaubourgL’unité de la France s’est faite grâce à une forte centralisation. L’autorité (du roi, du gouvernement, de l’administration) a son siège à Paris et s’exerce de haut en bas. C’était vrai sous la royauté (Louis XIV) et l’est resté sous la Révolution (les Jacobins) et sous les deux Napoléon. La République ne s’est pas affranchie de cette organisation très hiérarchisée. Les décisions sont prises au sommet par une administration opaque ou par des technocrates qui savent ce qui convient au peuple. Le citoyen se sent très éloigné des centres de décision. On lui impose des règles sans l’avoir consulté.

À une organisation autoritaire répond une résistance passive : repli sur la vie privée (qui seule est intéressante), tendance à rouspéter et critiquer, faible sens civique (voler l’État, ce n’est pas voler), resquille, système D du “chacun pour soi”, individualisme, peur de prendre des responsabilités (aucun intérêt…), aversion à l’égard de l’ordre (la police n’est guère aimée). Il en résulte une société de méfiance : on se méfie des autres, surtout de ceux qui détiennent le pouvoir: on leur donne le minimum, on cherche à dépendre le moins possible de l’Etat mais on fait appel à lui pour obtenir le maximum d’avantages (les Français aiment le « piston ») et on compte sur les syndicats pour ne rien perdre de nos acquis …

La pensée

Au niveau philosophique, Descartes a révolutionné la pensée. Le fameux “je pense, donc je suis” a pris la place de Dieu. Jusque là, Dieu était le “Je suis”, fondement de la connaissance, soutien de la création et de l’homme. Avec Descartes, la pensée se dit capable de contenir le monde créé et, de ce fait, le créateur … Le Dieu révélé est pratiquement éliminé pour ne devenir qu’un être supérieur. La pensée devient première, l’être second.

Sommes-nous conscients de la place que prend la pensée dans notre vie spirituelle ? Nous avons tellement besoin de comprendre pour croire … Notre foi en est limitée d’autant … Dieu ne nous demande pas d’avoir une foi aveugle qui ne laisse pas de place à l’intelligence (qu’Il nous a Lui-même donnée) mais une confiance en Lui comme principe de base de notre vie spirituelle.

Le doute

Nous, français, détestons être liés à une vérité absolue. Peut-être cela nous vient-il du temps où la France était dirigée de façon autoritaire par le roi et l’église. A cette époque, nous avions peu de liberté dans nos croyances et notre réflexion. « Un Roi, Une Religion, Une Loi ». C’était la soi-disant recette de Louis XIV pour avoir une nation saine. En fait, cette étroitesse d’esprit donna naissance au mouvement philosophique des Lumières qui grandit en réaction à cet autoritarisme…. Lire plus ICI

La laïcité

« La laïcité est le résultat d’un processus historique qui a vu les diverses sphères de la vie sociale… s’émanciper progressivement de toute tutelle religieuse pour se développer de façon autonome » (J.P. Willaime).

L’Edit de Nantes (1598) a constitué une étape importante dans ce processus. Certes l’Eglise catholique gardait une position hégémonique, tandis que la liberté de culte reconnue aux Protestants était strictement limitée. Cependant, pour la première fois en France, le pouvoir politique acceptait la coexistence de deux communautés religieuses différentes au lieu de chercher à imposer la religion dominante… lire plus ICI 

La méfiance

Peut-être que notre attitude méfiante a ses racines au sein même de la Gaule antique. Avant d’être une conquête romaine, la France était une mosaïque formée de milliers de clans. Certains d’entre eux fonctionnaient de façon indépendante, d’autres s’unissaient pour former une tribu parmi les 400 existantes. Les différents groupes rivalisaient constamment entre eux, et la méfiance des uns envers les autres était grande. Ils n’arrivaient à s’entendre que pour combattre un ennemi commun… lire plus ICI

L’orgueil

Notre nation a tendance à être orgueilleuse. « Mais c’est compréhensible », diront certains. « Nous sommes actuellement les meilleurs du monde dans pas mal de domaines. N’est-il pas normal que nous en soyons un peu fiers ? ».

Notre langue est poétique et raffinée. Notre discours est intelligent et spirituel. Nos plats et nos vins sont les meilleurs du monde. Et n’oublions pas les autres domaines où nous excellons tels le sport, l’architecture, l’amour, les affaires, la mode, le cinéma, la logistique et bien d’autres encore. Honnêtement, au fond de nous-mêmes, nous avons le sentiment d’appartenir à une nation supérieure (même si nous ne tenons pas tous ce discours).

Un de nos symboles nationaux le plus célèbre est le coq gaulois. Cet animal, utilisé comme symbole depuis la Renaissance mais particulièrement à l’époque de la Révolution, a été choisi parce qu’il illustrait bien le caractère français. Le coq est un animal fier qui garde la tête haute. Il choisit un emplacement, le plus en hauteur possible, pour coqueriquer. Il est férocement individualiste, susceptible, et on peut facilement le provoquer. Plein de courage et d’héroïsme, il se battrait même contre plus fort que lui. Quel contraste avec ces grands symboles du Royaume de Dieu : la Colombe et l’Agneau ; des symboles de gentillesse, de confiance, de paix, de soumission et de sacrifice…

L’orgueil est un des péchés les plus dangereux. C’est une attitude qui détourne la louange qui s’adresse à Dieu et qui amène Son opposition. Et bien pire, l’orgueil nous éloigne de Son fleuve de grâce (en effet l’orgueilleux n’a pas besoin de la grâce). C’est à cause de son orgueil que Satan a été exclu du ciel (Esaïe 14:13-14 ; Ezéchiel 28:11-19). Si nous voulons que la présence de Dieu visite notre pays et y demeure, nous devons mettre de côté notre fierté et notre orgueil.

« Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. » (Jacques 4:6)

La liberté et l’individualisme

Chacun aime que les choses soient faites à « sa manière ». Le pays se divise en 22 régions et plus de 36 000 communes. Et chaque région, chaque commune aiment à cultiver sa différence. Charles de Gaulle résuma le problème par cette fameuse phrase : « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromages ? »

Lors d’une récente enquête, ayant pour but d’étudier les différences dans les systèmes de valeurs des pays européens, un graphique mesurait l’importance de la collectivité par rapport à l’individualisme. Les français arrivait en première position pour ce qui était de la liberté et de l’individualisme, les Allemands préférant l’ordre et le collectivisme. De telles caractéristiques ont profondément affecté notre société. Prenons les relations, par exemple. Les vertus modernes de la liberté individuelle et de la réussite personnelle ont remplacé les anciennes idées bibliques de l’engagement, de la fidélité et de la responsabilité familiale. Cependant, notre liberté individuelle a un prix, souvent payé par notre famille et nos amis qui sont alors profondément blessés. 41% de nos mariages (2/3 en région parisienne) finissent par un divorce, avec tous les maux de cœur que cela apporte à nous-mêmes ou à nos enfants. En fait, un couple sur six ne se mariera jamais, ne sachant pas s’il veut vraiment une relation durable. Dans l’Église, notre individualisme pose également de gros problèmes. Les pasteurs trouvent qu’il est difficile d’unifier l’Église dans une vision commune. Et il est encore plus difficile de réunir des églises de différentes dénominations. Lorsqu’un membre trouve que les choses ne se passent pas comme il aimerait ou que son point de vue n’est pas pris en compte, il quitte l’église et en trouve une autre. Ou pire, il crée sa propre église.

L’antisémitisme

Notre société a évacué toute référence religieuse. Elle a brouillé les repères et les valeurs. Dans un tel chaos, les incompréhensions et l’incapacité à appréhender d’autres religions favorisent l’antisémitisme. Nos gouvernements, qui ont poussé la laïcité à l’extrême, ont bien de la peine à lutter contre lui. L’importance de la communauté d’origine musulmane associée au conflit du Moyen Orient a considérablement contribué à l’escalade de la violence contre les Juifs dans notre pays. Il est regrettable que les associations antiracistes fassent davantage entendre leur voix que les églises.

Si l’antisémitisme n’est pas une spécificité française, cependant force est de constater que de plus en plus de Juifs français déménagent en Israël, déclarant avoir fait ce choix pour fuir l’antisémitisme. Entre 1991 et 2003, les violences anti-juives ont été multipliées par cinq ! En 2003, les actions et les menaces anti-juives représentent 72% des actions racistes. Et visiblement, on s’y fait. Lors de la profanation du cimetière de Carpentras, 500 000 personnes étaient descendues dans la rue. Mais on s’émeut de moins en moins… En tant que chrétiens, nous sommes appelés à « consoler Son peuple » (Esaïe 40).

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