52/18 – L’École-2. …à bout de souffle?

 

Dans son essai « L’École fantôme » (ed. Desclée de Brouwer) le philosophe Robert Redeker s’alarme d’une école à bout de souffle. Il fustige les dérives qui prennent leur source dans une crise de la société, de « l’élève au centre de tout » : un français « déchiqueté » … jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, des professeurs-animateurs dans une école bric-à-brac saturée d’activités.

– le livre sort le jour de la rentrée scolaire… et ce n’est pas un hasard.

 

(Robert Redeker avait dénoncé les intimidations de l’islamisme; il vit depuis dix ans sous garde rapprochée)

 

Quelques dérives parmi beaucoup d’autres:

– l’emprise de la communication,  au cœur de l’échec de l’École: « L’institution (…) se refuse à accomplir les fonctions traditionnelles de l’École. Elle dilue les disciplines, elle disperse l’attention des élèves. »

 

– l’égalité à toutes les sauces paralyse encore plus le système scolaire : « La substitution de l’impératif social à l’impératif intellectuel s’est emparé de l’École, une puissante propagande a conquis l’esprit des enseignants (…): la lutte contre l’inégalité et les discriminations devient la raison d’être de l’École. »

 

– une école qui rabaisse, bride les plus doués, érigeant en norme les plus faibles. Un projet anthropologique inconscient l’anime : fabriquer un nouveau type d’homme (…); loin de chercher à élever, l’École cherche maintenant à abaisser ».

 

– la tyrannie du « vivre-ensemble ». Là où la fraternité affirme ce que nous sommes, le vivre-ensemble le renieexpression récente, il prend place dans la panoplie des éléments de langage que, ceux qui se sont accaparés le droit permanent à la parole, essayent d’imposer à l’ensemble des Français. (…)

« Bref : voici le vivre-ensemble posé en source de toutes les valeurs, à la place de Dieu, ou à la place du Bien. (…) Toutes les valeurs sont dès lors sommées de se mettre au garde-à-vous sous son commandement. (…) Tout doit renoncer à son identité. Et c’est cette négation, que les pouvoirs d’aujourd’hui travestissent en horizon de l’École ! Comment mieux dire que nous sommes en pleine ère du vide ? »

 

Quels remèdes ? Robert Redeker rappelle que l’école doit arracher un temps l’élève aux banalités de son temps, plutôt que l’y plonger constamment. D’où,

– l’importance de retrouver, à l’école, un vrai contact avec la culture à travers l’attention portée à la maîtrise de la langue et l’étude du passé : « La langue forme le socle de l’être, et seule l’étude méticuleuse des œuvres du passé développe la capacité à juger le présent. »

– retrouver la « vraie mission de l’École » qui est d’instruire, et de façon approfondie, en remettant le savoir et la « haute culture » (celle des grands auteurs, par exemple) au centre ; forger une âme collective à l’élève, lui transmettre « l’âme de la nation ». (Source linternaute.com)

 

Plus que jamais, l’identité est aujourd’hui au cœur du débat public et politique.

 

Appelons une prise de conscience parmi les enseignants sur leur métier détourné par l’idéologie humaniste, trop souvent asservi à l’air du temps.

 

Prions pour une nouvelle génération d’enseignants passionnés par la transmission de l’héritage culturel dans toute sa richesse, éclaireurs respectueux et respectés des consciences en formation.

 

Prions pour les écoles chrétiennes: qu’elles fassent une vraie différence non seulement en qualité de suivi des élèves mais aussi en qualité de transmission, fidèles au Dieu de l’histoire et des générations, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Dieu de la parole de qualité, orale et écrite, Dieu de 6000 ans de culture des hommes. Il s’agit de l’identité de l’homme, et de sa dignité dans une vraie fraternité.